Ma vie a débuté dans la demeure des Hamilton, durant le mois d'octobre de l'année 1816. J'étais la dernière d'une famille de trois enfants, toutes des filles. J'ai grandi dans des draps de sois, avec autour de moi, richesse et beauté. Grâce à cela, j'aurais dû être heureuse et pourtant, mon enfance fut d'une froideur digne de l'hiver. La seule parcelle de soleil me venait de mes soeurs. Ma mère me regardait avec une froideur inqualifiable. Elle avait voulu donner à mon père un garçon, un héritier. Manque de chance pour elle, je n'étais pas du bon sexe.

En grandissant je me suis départagé de mes trois sœurs, elles, elles aimaient la broderie, la peinture, le dessin, la musique. Elles étaient le modèle de la perfection, leurs jupons n’étaient jamais tachés, elles se comportaient toujours de manière noble. Alors que moi, je passais le plus clair de mon temps à l’extérieur, revenant toujours le jupon couvert de boue. Lorsque je restais à l’intérieur, c’était pour me rendre à la bibliothèque où j’approfondissais mes connaissances : Je voulais me faire remarquer grâce à un esprit des plus aiguisé. Mon comportement de garçon manqué commença à exaspérer ma mère au plus haut point, elle se mit alors à me rejeter bien plus violement qu’elle ne l’avait fait alors. Lorsque j’eus 13 ans, elle m’envoya à Londres, chez ma tante Eleanore Hamilton. Elle était réputée pour être une femme d’une grande sévérité. Et j’en eus la preuve dès le premier jour. Elle m’inculqua les mœurs de la société, ainsi que les devoirs d’une femme. Quand je ne l’écoutais pas assez ou qu’elle me voyait faire la moindre erreur, plusieurs coups de sa pars et l’interdiction de me rendre à la bibliothèque pendant quelques temps avaient le don de me remettre à ma place. Très rapidement, mon caractère changea, de naïve et rêveuse, je devins le sosie de ma tante. Je tenais d’elle ce côté manipulateur, hautain, moqueur, et foncièrement mauvais. Elle avait une phrase qu’elle me répétait souvent : « Dans un monde égoïste, seul les égoïstes réussissent », elle avait bien raison, le monde est égoïste, nous ne sommes que des pions dans le jeu d’échec de la vie. Oui, nous sommes des pions, mais moi je voulais devenir la reine. Mon ambition grimpa en flèche, et lorsque je me rendais dans les soirées mondaines je cherchais le meilleur parti. Mon choix s’arrêta finalement sur Edward Lauwrence, l’héritier d’une grande fortune. C’est à l’âge de 17 ans que mes parents lui accordèrent ma main. Ma nouvelle demeure était d’une grande beauté, mon époux attentionné, mais là encore mon ambition de grandeur faisait obstacle. Je voulais plus, je voulais toujours plus. Je donnai naissance à une fille : Diana. Fille qui comme moi avant elle avait une mère nullement présente. Fille qui haïssait sa mère comme moi j’avais haïs la mienne. C’était un cercle sans fin...