« Monsieur Lawford je vous prie de croire qu’il nous faut présenter Mirabelle à Monsieur Wellington. » C’était bien souvent ainsi quand Madame Lawford et Monsieur Lawford parlaient de leur jeune fille, Mirabelle. Avant cette demoiselle, le couple avait eu quatre garçons, ainsi, Madame ne s’était pas préoccupée de parvenir à les marier, ils étaient un excellent parti et les femmes tombaient aisément sous leur charme, les faits étaient là, les deux ainés étaient déjà mariés et les deux derniers encore trop jeunes pour que leur solitude affective soit réellement une inquiétude. Mais dès lors qu’elle avait mis au monde la jolie Mirabelle, elle n’avait eu en tête que cette idée constante et épuisante de la marier… à un mari digne de ce nom évidemment. Elle s’était entêtée à faire d’elle l’épouse idéale, celle que tout homme voudrait à ses côtés mais, dès qu’elle abordait le sujet du mariage avec le père de la demoiselle, il se refusait à traiter de ce sujet, or une jeune femme ne peut pas être mariée sans le consentement de son père. D’autre part ce n’était pas comme si Madame pouvait compter sur l’appui de ses fils, ces derniers juraient tous qu’aucun homme n’était à la hauteur pour leur jeune sœur et qu’ils préféraient la voir finir vieille fille que marié à un sombre sot aussi riche soit-il. « Madame Lawford, permettez-moi de vous rappeler l’âge de notre chère Mirabelle. Il me semble que ce n’est pas à seize ans qu’on épouse un homme, laissez donc un peu de rêve à notre fille et oublier un instant le mariage. Je vous jure que quand il sera temps, mon unique fille sera mariée au meilleur parti de la ville. ». Cette réponse Madame l’avait entendu que trop de fois elle cela l’insupportait d’autant plus que son mari se permettait de jurer, elle savait que son mari, voulait avant tout que leur fille soit heureuse et qu’elle choisisse elle-même son mari mais, Madame n’avait aucune confiance en sa fille qu’elle savait bien trop rêveuse pour être censée. Elle s’inclina alors avec politesse devant monsieur avant de quitter la pièce et de tomber sur Mirabelle qui arpentait les couloirs. « Mademoiselle Mirabelle, qu’avez-vous entendu de la conversation ? » Mirabelle regarda alors sa mère, surprise, elle n’avait rien entendu –même si elle se doutait naturellement du contenu de cette conversation- « Absolument rien, mère. » Madame laissa alors sa fille s’éclipser sachant qu’elle n’avait pas menti, elle était bien trop honnête pour commettre un tel acte.

« Belle ! » La demoiselle se retourna vivement avec large sourire sur son beau visage enfantin en entendant cette voix qui lui était si agréable. « [color=#FFCC99]Kenneth ![/colo] ». Le jeune homme attrapa alors la belle Mirabelle dont il fit virevolter les jupons. « Que diriez-vous ma jeune sœur, de vous offrir une nouvelle toilette avec les conseils de ma charmante épouse en vue du bal que nous donnons dans trois jours ? » Les yeux de la demoiselle se mirent alors à briller, elle n’avait pas l’autorisation d’aller à n’importe quel bal mais elle adorait danser et se divertir, de plus avec les cours qu’elle avait reçu elle se faisait toujours remarquer par ses talents et sa grâce. « J’en serais honorée, quand cela aurait-il lieu ? » L’aîné de la famille Lawford afficha alors un sourire amusé « Tout de suite mademoiselle si je peux user de votre précieux temps. » Mirabelle baissa alors les yeux, gênée, se mordant la lèvre inférieure, elle savait bien qu’il ne fallait jamais agir de la sorte, surtout devant un homme mais, parfois, elle oubliait de faire attention et ce n’était certainement pas ses frères qui lui en tiendraient rigueur. « Mère voulait que je travaille mon piano. » Elle releva alors son doux visage vers son frère qui était toujours aussi amusé par cette situation. « Ne vous en faites pas pour mère, j’ai obtenu son accord, pouvons-nous y aller ? Je n’aimerais pas faire attendre mon épouse. » Pour toute réponse la douce enfant offrit un sourire à son aîné et lui emboita le pas.

« Vous n’aviez pas remarqué qu’il vous faisait la court ? » Mirabelle regarda alors Andrew le deuxième de ses frères en âge, complètement stupéfaite par ce qu’elle entendait là, quelqu’un lui avait fait la court ? « Me faire la court ? Mais de qui donc parlez-vous mon cher frère ? » Les quatre frères de Mademoiselle Lawford rirent en cœur, ils avaient tous les quatre remarqués le comportement de Monsieur Wellington à l’égard de leur jeune sœur, il faut dire qu’on ne pouvait pas le qualifier de déplacer puisque Madame Lawford lui avait soufflé l’idée d’agir de la sorte, elle avait toujours dans l’espoir un mariage entre sa chère fille et Monsieur Wellington. « Mais, enfin Monsieur Wellington ! » Matthew fixait sa sœur, pensant encore qu’elle pouvait les faire marcher, mais, rien à faire, sa jeune sœur avait beau connaître par cœur les conventions du monde dans lequel ils vivaient, elle ne réalisait pas qu’elle était susceptible de plaire et de convenir à un homme et que chaque mot qu’on lui adressait n’était pas du hasard. « Vous n’êtes pas sérieux, mes frères ? Il est fort bon danseur mais, je ne l’aime point comme on aime un mari. » Les frères s’échangèrent un regard complice, elle ne réalisait même pas que leur mère tentait de manipuler les évènements de telle sorte à ce qu’elle demande à Monsieur de son père de lui accorde sa permission pour le mariage et cette naïveté, les frères Lawford devaient bien admettre qu’elle leurs plaisait, ils voulaient tous voir leur charmante sœur marié à l’homme qui la rendrait heureuse peu importe sa fortune, elle avait le luxe de pouvoir être romantique.