Il faisait beau dehors, c'était impressionnant sachant que nous étions en Angleterre. Nous avions alors décidé de sortir, toute la famille serait de la partie, il y avait même l'un de nos plus proches amis, Monsieur Norway, un jeune juge qui passait beaucoup de temps en notre compagnie. Il aimait Flora, cela se voyait, mais Joséphine, la petite soeur de Flora, aimé Monsieur Norway, les choses étaient compliquées, surtout que Flora n'avait d'yeux que pour un autre que je n'appréciais guère pour les rumeurs et ses manières. Quoi qu'il en soit, je m'efforçais de protéger Flora et d'arranger les choses avec Joséphine. Depuis quelques temps pourtant, j'avais complètement oublié toutes ces histoires puisque mon esprit était occupé à rêver de Monsieur Aubray. Nous étions donc sortis, d'abord nous avions pris le carrosse et les chevaux pour nous rendre jusqu'aux ruines, c'était un temps parfait pour cela. Je pourrais alors en profiter pour parler à Flora, pour me confier à elle, comme je le faisais depuis maintenant six ans. En effet, à mon arrivée, elle avait été réticente vis-à-vis de moi et pourtant, au fil des jours nous étions entendus et si jusque là la relation entre Flora et Joséphine n'avait pas été fusionnée, cela s'était empiré à mon profit. Je n'étais pas fière pour autant, je ne m'en étais même pas rendu compte. J'avais passé six ans à converser de tout et de rien avec Flora, j'avais pu lui raconter mes peurs, mes peines, mes envies et mes joies.

Alors que le carrosse arrivait à destination, je ne pouvais m'empêcher de murmurer à l'oreille de Flora qu'il faudrait que je lui parle de quelque chose d'important. Je ne doutais pas qu'elle ai déjà deviné que quelque chose me tracassait, me mettait dans tous mes états et même au-delà. Elle avait déjà dû remarquer que je n'étais plus la même et qu'il m'arrivait de me ronger les sangs. Ce devait être horrible de savoir tout cela sans en connaître la cause et je ne pouvais la torturer plus, peut-être même que mon aveu me ferait me sentir mieux. Nous étions juste devant le petit chemin, tout le monde était descendu et les chevaux avaient été confiés aux domestiques qui nous avaient accompagné. En premier lieux, nous nous étions rendus jusqu'aux ruines tous ensemble et puis de petits clans s'étaient formés, Monsieur Norway et mon Oncle, ma Tante et Joséphine, Flora et moi. Elle ne disait mots, je restais muette. Mais je ne pouvais cacher plus encore ce qui m'arrivait. Après être sûr que personne ne nous entendrait, je me plaçais devant ma cousine. Lui prenant les mains, je la regardais d'un air grave. « Je suis certaine que vous vous en doutez déjà sans vraiment savoir ce qui m'arrive. Je ne vais pas vous le cacher plus longtemps, c'est insupportable. » Je prenais un grand souffle, regardais une dernière fois autour de moi pour me rassurer puis reprenais la parole. « Je crois être amoureuse. Non j'en suis certaine. Je ne l'ai vu que deux fois et nous avons beaucoup parlé... La fois dernière ne s'est pas passé comme je l'espérais, mais les choses sont beaucoup plus claires maintenant... » Je lâchais les mains de Flora et baissais la tête, honteuse, attendant une réponse ou une réaction de sa part, j'espérais qu'elle ne soit pas trop dure avec moi.